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Le français au Québec », dans G. Antoine et R. Martin, Histoire de la langue française 1914-1945, CNRS-Édition, 1995, p. 761-790.
« Entre le début de la Première guerre mondiale et la fin de la seconde, la société québécoise traverse une période de maturation… »
Dans son article Le français au Québec le lexicographe Claude Poirier s’intéresse à l’évolution de la langue à travers les époques. Il se penche sur des faits historiques afin de comprendre pourquoi notre langue est ce qu’elle est aujourd’hui.
Et si on parlait du contexte historique…
Au début du XXe siècle, le clergé est présent partout; il enseigne des valeurs comme la religion, la langue, la famille, le mode de vie rural, etc. C’est lui qui contrôle les écoles, les hôpitaux et les organismes d’aide social. Sur le plan économique, le secteur de pâtes et papiers connaît une croissance incroyable jusqu’au début des années 1920. Les communautés québécoises sont mises en contact avec la langue anglaise par l’entremise des travailleurs qui ont des patrons anglophones. Les terminologies se répandent en anglais dans les milieux de travail ce qui amène la langue a assimiler ce vocabulaire. Cette assimilation se dévoile dans les campagnes notamment par la façon de nommer les chevaux (Bill, Bob, Black, Frank, Jack, Maggie, etc.) Par la suite, les Québécois vont quitter les campagnes pour aller travailler dans les usines américaines. Pour ce qui est de la littérature, le terroir et le régionalisme demeurent des thèmes dominants. On évoque les valeurs de la religion, de la vie agricole et de la famille traditionnelle. Une œuvre domine sur toutes les autres : Un Homme et son Péché, de Claude Henri Grigon. Le prénom de personnage principal Séraphin deviendra même un mot de la langue commune synonyme du mot Avare. Autour des années 1930-1940, la question de l’autonomie de la littérature québécoise amène plusieurs débats; certains auteurs affirment qu’il n’existe pas de littérature canadienne-française tandis que d’autres affirment le contraire.
La Norme...
Le problème de la qualité du français au Québec a été posé dès le début du XIXe siècle, quand les Québécois se sont rendu compte de l’envahissement de leur langue par l’anglais. Depuis cette époque, on a constamment défini le « bon langage » par un trait négatif : l’absence d’anglicismes.
Selon la perception des Canadiens français, les paysans parlent beaucoup mieux que les membres de la bourgeoisie car ceux-ci anglicisent beaucoup trop. Du côté des étrangers, les Canadiens français parlent plutôt un patois incompréhensible.
La langue de l’époque…
De nombreuses sources rendent compte de la langue parlée de l’époque notamment à travers les arts. Par exemple, le théâtre burlesque, un théâtre qui reposait essentiellement sur l’improvisation, était très populaire car il laissait beaucoup de place à la spontanéité des acteurs. La langue prenait donc une place importante et permettait aux gens de s’exprimer librement. Pour la langue écrite, ce sont dans les chroniques et les récits humoristiques qu’elle se manifeste le plus.
Finalement, bien des textes rendent compte du fait que la langue française traditionnelle conserve des assises solides. Malgré cela, le français du Québec à subit une réelle invasion de l’anglais et n’est plus ce qu’il était.
Pour plus d'informations, voir l'article de Claude Poirier en ligne:
www.tlfq.ulaval.ca/pub/pdf/C-75.pdf